Ah, elle fait parler et couler beaucoup
d’encre cette réforme du collège !
C’est un peu comme avec le football où
chaque supporter a envie de se prendre pour l’arbitre, les Français que nous
sommes sont tentés, avouons-le, de se prendre pour le Ministère parce que nous
sommes tous passés par l’école et en avons notre propre expérience.
Alors, n’étant pas moi-même professionnel
de l’éducation, je me livrerai pas à une analyse emplie de certitudes sur cette
réforme, simplement à quelques réflexions face aux attaques simplistes entendues
ici ou là… Personne ne veut d’un collège « au rabais », personne ne
veut « niveler par le bas », et tout le monde s’accorde à dire que le
collège actuel ne produit pas les résultats attendus pour nos jeunes. Alors que
faisons-nous ?
Nous ne sommes plus dans une société essentiellement
agricole et industrielle mais dans un pays où les services interconnectés
peuplent notre quotidien. La France change, les emplois de demain ne seront
plus tous ceux d’hier. Rien ne me choque par conséquent à ce que l’école - et
le collège en particulier - évolue, que mes enfants ne connaissent pas l’école
que j’ai connu moi-même et encore moins celle de mes parents. Rien ne me parait
plus normal.
Lorsque nous nous quittons le milieu
scolaire pour entrer dans la vie professionnelle, nous mettons à profit un ensemble
de savoirs et de capacités que nous brassons dans l’exercice de notre métier. La
vie n’est pas faite de lignes parallèles qui ne se rencontrent jamais, alors pourquoi
l’école devrait toujours segmenter les apprentissages par matière sans jamais
les entrecroiser ? Qu’y a-t-il de révoltant à vouloir faire travailler de
temps en temps des élèves sur un projet qui fasse à la fois appel à du français,
de l’histoire, des sciences… C’est bien ce qui les attend plus tard dans leur
vie d’adulte ! Alors préparons-les à la vraie vie ! En ce sens, l’interdisciplinarité
n’est pas à bannir, au contraire, même si elle doit s’appuyer, et chacun en
convient, sur un socle de connaissances de base solides pour être efficace. N’opposons
pas les deux par facilité.
Ensuite, chacun s’accorde à dire que
les élèves sont tous différents, avec leurs centres d’intérêts, leurs qualités
et leurs difficultés, qu’on ne peut pas obtenir les mêmes résultats pour tous
avec une unique méthode d’apprentissage. En ce sens, donner un peu d’autonomie
aux établissements scolaires, faire confiance aux équipes éducatives en leur offrant
un peu de souplesse et de liberté me parait judicieux. C’est elles qui sauront
le mieux ce qu’il conviendra d’enseigner - et comment l’enseigner - aux élèves
qui seront face à elles. Laisser un volume horaire à leur discrétion pour travailler
en groupes plus réduits peut être profitable à chacun : aller plus loin
avec des élèves qui apprennent facilement, revenir sur les connaissances mal acquises
par le passé avec des élèves plus en difficulté. Ce n’est pas niveler par le
bas, c’est simplement s’adapter à l’hétérogénéité des élèves et éviter qu’ils
ne décrochent d’une école qui ne leur conviendrait pas, soit parce qu’elle ne leur
permet pas de rattraper leur retard, soit parce qu’elle ne leur offre pas la possibilité
d’approfondir un domaine qui les passionne.
Chaque jeune doit parvenir au terme de
sa scolarité en se disant que l’école de la République lui a été utile et non
pas qu’elle l’a obligé à se diriger vers une voie qui n’était pas la sienne. Il
doit pouvoir choisir son avenir par son travail et son intérêt pour un secteur professionnel,
pas le subir en raison de sa naissance et son milieu social d’origine.
C’est bien cela l’idéal méritocratique républicain
auquel il n’est pas insensé de croire. C’est ce qui anime l’actuelle Ministre
de l’Éducation Nationale et la raison pour laquelle je la soutiens.
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